Les terrassements sont souvent un ouvrage qui ne retient pas l’attention des clients. En effet, que restera-t-il des « mouvements de terres » (c’est une expression souvent utilisée par les gens du « bâtiment »), quand tout sera fini ?
Hum… Les terrassements ne posent pas trop de problèmes en soi, mais le client doit quand même veiller à 2 choses :
1 – Le stockage des terres en 2 tas distincts et séparés.
La première couche de terre enlevée, celle que l’on appelle la « terre végétale », doit être stockée à part du reste des déblais du terrassement. En effet, c’est elle – et elle seule – que l’on remettra en couche de finition, celle sur laquelle on fera pousser le gazon (ou des légumes, si vous préférez, ce qui serait une bonne idée).
La couche en-dessous, ce n’est plus de la terre, c’est un agglomérat de sable, de limon, de grave. C’est une matière « sans vie » et qui ne doit pas se retrouver en surface, car on n’y fait rien pousser (à part des lichens, peut-être ?). C’est cette matière qui servira à reboucher les tranchées des réseaux, etc.
Il est donc indispensable de stocker différemment la (vraie) terre, celle qu’on mettra en surface, du reste des déblais terrassements. Et, d’expérience, 2 tas accolés font qu’il y a toujours des parties de « limon » qui viennent se mélanger à la terre végétale et qui se retrouvent alors en surface ! C’est très gênant et ça oblige le client à acheter une couche de terre végétale supplémentaire, alors qu’il y avait tout ce qu’il faut au début du chantier.
2 – Le coulage du béton de fondation
Il est très important que le béton des fondations soit coulé aussitôt que les tranchées ou, a fortiori, les pieux sont faits. En effet, s’il pleuvait quand les terrassements sont encore ouverts, le sol en profondeur se gorgerait d’eau et gonflerait. Puis, au fil des mois, la terre en séchant se rétracterait. Et le béton des fondations s’enfoncerait. On imagine les dégâts sur le bâtiment, les multiples fissures…
C’est la même chose pour les dallages sur hérisson (lits de cailloux) qui ne sont pas sous abri, une fois le terrain décapé (= enlever la couche de terre végétale) le dallage en béton doit être vite coulé. Sinon, fissures assurées !
Et si malgré tout, il pleut lorsque les terrassements sont encore « ouverts », eh bien il faudra attendre que ça sèche, le temps nécessaire. Puis il faudra enlever une épaisseur supplémentaire de 30 cm de terre (qui aura forcément gonflé) et couler le béton aussitôt. Cela fait une perte de temps (séchage), un travail supplémentaire (nouveau terrassement), une dépense supplémentaire (il faudra plus de matériaux, plus de béton, plus de hérisson..).
3 – Que doit vérifier le client ?
Le client (que vous êtes) doit vérifier :
- Que les 2 tas des terres extraites : terre végétale et déblais en profondeur, sont bien séparés, qu’il ne se touchent pas. C’est un simple contrôle visuel.
- Que la profondeur de la tranchée dans laquelle seront coulées les fondations (en cas de semelles filantes) respecte bien la profondeur préconisée par l’étude de sol du Bureau d’Etudes de Sol. Pour cela, vous devez passer sur le chantier avant le coulage du béton ! par exemple, la veille ou le matin, en cas de coulage des fondations l’après-midi. Et vous mesurez la profondeur de la tranchée à 2 ou 3 endroits. Il faut déduire l’épaisseur de la terre végétale qui a été enlevée (“décapée”) et ajouter 20 ou 30 cm de sur-profondeur (ce qu’on appelle “l’ancrage” des fondations). Les 2 épaisseurs (décapage et ancrage) étant équivalentes, vous devez mesurer en fait la même longueur que celle du “bon sol” indiqué dans l’étude de sol (par exemple, si le “bon sol” est indiqué à – 1,60 m dans l’étude de sol, les tranchées doivent avoir une profondeur de -1,60 m).
- Que le béton soit déjà commandé quand on commence les terrassements, et que la météo soit certaine qu’il n’y aura pas de pluie.
- En cas de pluie malgré tout, que le temps de séchage soit suffisant (nombre de jours nécessaires, surtout s’il pleuvait à nouveau !) et, une fois le fond des tranchées asséché, que le décapage supplémentaire de 30 cm soit alors bien effectué (nouvelles mesures de profondeur) et le béton coulé aussitôt.
La vérification de l’IMPLANTATION, des FONDATIONS et des PLANCHERS HOURDIS sont les 3 vérifications les plus importantes à faire par le client, car un défaut sur un de ces ouvrages entraînerait un sinistre lourd, grave, à peu près impossible en pratique à rectifier !
Le détail de ces vérifications est expliqué dans le guide « la clé des travaux » (en cours de réalisation).
Je n’y connais absolument rien en chantier et j’en apprends tous les jours!! Merci pour ces points à vérifier! Quelle est l’épaisseur de la “vraie terre”?
Eh bien, ça dépend de chaque terrain, de chaque endroit. Le “bâtiment” est un monde très différent de celui de “l’industrie”, chaque cas est un cas particulier, chaque ouvrage est un prototype, le plus souvent fait à la main.
Que ce soit l’épaisseur de la terre végétale, qu’il faut constater visuellement (ça se voit très bien, avec un peu d’habitude), ou bien celle du sol résistant en profondeur – “le bon sol”, constatée par une étude de sol faite par un Bureau d’Etudes spécialisé, il n’y a jamais de règle standard.
D’où l’importance de s’en remettre à des gens compétents. Surtout pour les fondations, car une fois coulées, c’est fini, c’est irrattrapable.
Merci pour cet article intéressant
J’ai voulu insister sur les fondations, car c’est souvent négligé par ceux qui font construire, alors qu’une fondation est essentielle puisque c’est sur elle que repose tout le bâtiment, et qu’elle est définitive : on ne peut plus la refaire en cours de chantier ou plus tard, ou alors avec un tel coût que ce sera la catastrophe.