Un drainage est un ouvrage fréquent, pour éviter l’humidité autour d’une construction, en surface comme en profondeur.

 

Pour tout savoir : 

 

  • Un drainage est-il nécessaire dans mon cas ?

Il n’est pas toujours nécessaire, car le terrain peut être perméable et laisser l’eau de pluie s’écouler en profondeur. C’est souvent le cas dans les terrains sablonneux ou graveleux qui sont les anciens lits de fleuve ou de rivière (terrains dans une vaste plaine, avec un cours d’eau à proximité). On y voit des sables et/ou des cailloux.

Il est indispensable en cas de terrain imperméable (argileux ou limoneux). Ce sont les terrains d’aspect « gras », parfait pour l’agriculture mais pas vraiment pour le « bâtiment ». Ils sont souvent en pente.

L’étude de sol vous renseignera en détail sur la nature de votre terrain, couche par couche. Vous saurez s’il faut alors prévoir un drain ou si ce n’est pas indispensable.

En cas de sous-sol, le drain est nécessaire, bien sûr. Il permettra d’éviter que l’eau pénètre par les murs ou, plutôt, en pied des murs du sous-sol. La difficulté sera parfois d’avoir un écoulement du drainage, un “point bas” servant d’exutoire (voir à la fin de cet article). A défaut, il faudra prévoir une pompe de relevage, immergée dans un regard en béton et à déclenchement automatique.

Pour ma part, quand le budget du client le permet, je préfère toujours placer un drain, car ça « stabilise » l’hygrométrie du terrain et donc ça protège les fondations dont le rôle fondamental (c’est le cas de le dire) est évident.

 

  • Comment est conçu le drainage ?

Pour qu’un drain fonctionne bien, la théorie est simple : il faut que l’eau soit bien récoltée et qu’elle soit bien évacuée.

Mais la pratique est plus complexe. Voyons en détail :

Récolter l’eau :

Le drainage se fait aux pieds des murs de façade, assez profond pour être bien en dessous du niveau du plancher intérieur (s’il est au niveau du terrain, tel qu’un dallage béton sur lit de cailloux) ou du sol du vide sanitaire. Le bon emplacement est posé sur le niveau supérieur des fondations. Attention ! Il ne faut pas descendre le drainage en s’approchant de la base des fondations, ça pourrait les déstabiliser ! D’ailleurs, on ne doit jamais dégarnir une fondation, même partiellement : c’est très dangereux pour la stabilité future de la maison.

En général, on place le drainage en boucle autour de la maison (terrain plat), ou bien sur 3 cotés, en U, en cas de terrain en pente, la partie basse du terrain en pente n’ayant besoin d’être drainée (l’eau de pluie “ne remonte pas”).

On utilise des tuyaux rigides percés de fentes (les drains) qui vont constituer un petit canal dans lequel l’eau va tomber. Donc, il faut évidemment placer les fentes vers le haut. J’ai parfois vu des artisans placer les fentes vers le bas, comme s’il s’agissait, à l’inverse, de canalisations d’épandage pour disperser l’eau qui sort, par exemple, d’une fosse septique… Dans le cas d’un drainage, il s’agit de récolter l’eau, et non de la disperser !

Le diamètre des drains est général de 10 cm ou plus.

Ces tuyaux doivent être rigides. Les drains agricoles (souples) sont interdits, car il est alors impossible d’avoir une canalisation parfaitement rectiligne, sans aucune flache (creux) qui provoquerait des poches d’eau. Une poche d’eau maintiendrait de l’humidité autour et ramollirait la terre à cet endroit. Une terre meuble offre moins de résistance et les fondations seraient donc plus faibles et, à la longue, s’enfonceraient, provoquant des tassements dans la construction et de multiples fissures.

On aurait l’enchaînement suivant :

Drain souple flaches humidité terre meuble enfoncement de fondation fissures et sinistre.

Nota : une terre uniformément meuble, partout autour de la maison, ferait moins de dégâts qu’une terre meuble ponctuellement. C’est la différence de résistance des fondations entre un point dur et un point mou, qui provoque le plus facilement une cassure.

Les drains doivent donc être en pente continue. La pente minimale est de 0,5% , soit 1 cm de hauteur tous les 2 mètres, ce qui est très peu. Placez le maximum de pente que vous pouvez : plus il y aura de pente, mieux le drain fonctionnera. En cas de faible pente, pour être sûr d’éviter les flaches et donc les « poches d’eau », on réalise alors une sorte de petit support en béton, comme un petit trottoir appelé « cunette », sur laquelle on pose le drain. On est sûr ainsi que le drain ne pourra pas s’enfoncer partiellement.

Les tuyaux – les drains – doivent être enrobé d’un film géotextile qui laisse passer l’eau mais qui va retenir la terre, empêchant ainsi qu’elle vienne à la longue colmater les fentes du drain.

L’idéal est d’utiliser des drains ‘tout prêts », du type SIROFIBRE 110, car ils sont :

  • Rigides,
  • Avec un plat en partie basse (impossible de les mettre à l’envers),
  • Préenrobés.

Je les impose sur mes chantiers, car je suis sûr ainsi que le drain est bien fait, sans qu’il soit besoin de tout contrôler avant rebouchage de la tranchée.

Les jonctions des drains doivent être faites suivant les règles de l’art : elles ne doivent pas fuir, évidemment (sinon ça créerait là aussi des « poches d’eau ») et elles doivent bien laisser l’eau couler. Pour cela on utilise des canalisations « à 45° » (en fait avec un coude à 135°) au lieu de 90°.

On place des regards de contrôle : au moins un au point haut et un autre au point bas. Le mieux est d’en placer à chaque angle ou changement de direction, pour pouvoir déboucher facilement le drain, s’il le fallait en y insérant un furet.

Le rebouchage de la tranchée doit se faire avec des cailloux, et non pas directement par de la terre (la terre ne sera mise qu’en fine couche supérieure, placée sur un film géotextile, si vous teniez à ce qu’il n’y ait pas de cailloux visibles). Idéalement, la granulométrie des cailloux ne sera pas continue (pas de 0/20, par exemple, mieux vaut du 10/20), pour bien laisser de l’air et permettre à l’eau de circuler et tomber dans le drain.

Evacuer l’eau

Le principe est tout simple : il faut que l’eau coule et tombe dans un point bas. Ce point bas est appelé « l’exutoire ».

Là aussi, la pratique est parfois plus complexe : en cas d’orage et de forte pluie, le drain évacuera beaucoup d’eau et si l’endroit où cette eau se jettera est déjà rempli, l’eau ne pourra plus couler, le drain ne fonctionnera pas. Cela peut arriver si l’exutoire est un puisard dans un terrain peu perméable ou pas assez profond, ou bien un fossé peu profond et à faible pente : en cas de gros orage, ils se rempliront vite.

En cas de terrain en pente, on est sûr que l’exutoire sera en point bas, quitte même à laisser la canalisation déboucher à l’air libre.

En cas de terrain plat, c’est parfois beaucoup plus délicat pour obtenir un réel point bas, même en cas de forte pluie. Évidemment, si la nappe phréatique est à fleur de terrain, il peut arriver qu’il soit impossible de drainer, sauf à placer une pompe de relevage.

Bref, il n’y a pas de « technique » particulière pour créer un point bas : le bon sens prévaut pour savoir ce qu’il convient de prévoir. Évidemment, je déconseille fortement de créer un sous-sol là où la nappe phréatique est haute (Nota : on constate le niveau de la nappe phréatique à la période où elle est le plus haut, c’est-à-dire fin de l’hiver/début du printemps, même si cette période est très variable suivant les années).

 

Ce que vous devez absolument vérifier :

1 – Lire l’étude de sol pour savoir si un drainage est indispensable :

    • le terrain est-il sablonneux et graveleux ? Le drainage n’est pas nécessaire
    • ou argileux et limoneux ? Le drainage est nécessaire.

2 – Les drains sont-ils en canalisations rigides, fentes vers le haut ?

3 – La pente des drains semble-t-elle continue (sans flache) ?

4 – La sortie du drain (exutoire) ne sera-t-elle jamais noyée ?