Ne pas faire d’erreur dans l’implantation est un élément crucial lors une construction.
Pourquoi ?
Parce qu’une erreur d’implantation est irrattrapable ! Un bâtiment ne se déplace pas.
Donc, si par catastrophe, le bâtiment se situait en zone non-constructible (trop près de la limite du terrain, par exemple), le juge ordonnerait probablement sa démolition.
Comment est-on sûr d’avoir une implantation bien faite ?
Pour cela, il faut connaître les réponses à plusieurs questions :
1 – Suis-je absolument sûr de l’emplacement exact de la limite propriété ?
En cas de construction proche des limites de propriété, et a fortiori, en cas de construction touchant cette limite, on ne doit avoir aucun doute sur l’emplacement exact de la limite. En effet, une jurisprudence récente a énoncé une tolérance d’implantation d’1 cm seulement ! Ce qui est très faible. Et la sanction est terrible : le juge ordonnera normalement la démolition pure et simple de l’ouvrage illégal.
Les pièges sont nombreux, par exemple :
- Mur que l’on croyait mitoyen et qui, finalement, ne l’est pas. Il peut même arriver qu’un mur soit mitoyen au rez-de-chaussée mais qu’il ne le soit plus à l’étage (ou inversement) !
- Borne du géomètre accidentellement déplacée, sans qu’on s’en aperçoive,
- Grillage remplacé, avec décalage d’implantation. Parfois même volontairement par le propriétaire voisin, pour être certain « d’être chez soi » ; ce qui au fil du temps est oublié. Or, en l’absence d’autre indication, on admet que la limite de propriété se situe exactement au niveau du grillage lui-même…
En pratique, dans mes constructions, je prévois une marge de sécurité de 20 ou 30 cm, pour palier les petites imprécisions.
En cas de doute, on doit avoir l’accord écrit des deux propriétaires voisins. En pratique, cela est effectué par un bornage d’un géomètre, matérialisé par un plan que signeront chacun des propriétaires. Cet acte prévaudra sur tous les autres.
Attention : un plan de bornage de géomètre non signé par les deux propriétaires, n’aura pas cette valeur certaine.
2 – Quelles sont les limites de la zone « constructible » ?
La zone constructible est celle où l’on peut implanter un bâtiment. Elle est définie par :
- Les règles de Droit public, notamment les Règlements d’urbanisme – le plus souvent le P.L.U. (Plan Local d’Urbanisme). Et par le Code civil qui définit aussi des règles d’implantation.
- Les règles de Droit privé. Il s’agit des contraintes propres à chaque terrain, les « servitudes ». Ces servitudes peuvent être de toute sorte. Elles sont normalement mentionnées dans l’acte de propriété du terrain et au Bureau des hypothèques ; mais une servitude récente peut exister, sans qu’il en soit mention dans l’acte. Par exemple, il peut s’agir d’une servitude acquise automatiquement par droit trentenaire. Il s’agit donc d’être vigilent.
Attention : obtenir un permis de construire ne donne pas forcément le droit de construire ! Le Service Instructeur (le maire, pas exemple) ne vérifiera pas les règles de Droit privé, et une servitude privée peut rendre la réalisation du projet impossible, même s’il était conforme au PLU.
3 – Que doit vérifier le client ?
Le client (que vous êtes) doit vérifier :
- Qu’il n’y a aucun doute sur l’emplacement exact des limites de propriété. Et en cas du moindre doute, faire toutes les vérifications possibles, lire l’acte de propriété, voir sur place si des servitudes pourraient exister (trace de passage, vue à ménager…). Encore une fois, il s’agira d’éviter la démolition !
- Que l’implantation est bien faite : distance par rapport aux limites (si elles sont proches) bien respectée, telles qu’elles figurent sur le Plan de Masse du permis de construire. Une seule solution : mesurer précisément, soit avec un mètre-ruban si la distance est petite (il existe des mètres-rubans de 8 ou 10 m de longueur), soit avec un décamètre.
- Le moment où vérifier la distance sera lors du tout début du soubassement, une fois les fondations coulées : avant, l’implantation serait trop imprécise (les fondations ne permettent pas de précision), et plus tard, par exemple une fois le plancher bas coulé, ce serait très complexe et très onéreux de le détruire, et donc très dommage. Au début du soubassement, démolir une seule rangée d’agglo n’est pas bien grave. En cas de longrines (poutres béton au sol, reliant les pieux de fondation), il faut vérifier les longrines en place, avant coulage du béton qui les reliera.
Bonjour Nous avons un permis de construire avec une obligation de faire le dos de notre construction en limite séparation avec la parcelle d’un voisin. Notre PC mentionne bien la construction contre la limite seperative, pouvons nous faire un retrait de 25 cm pour être certain ? Cela n’a pas d’incidence juridique ? Merci beaucoup
Bonjour, non vous ne pouvez pas. Il faut implanter la face externe de votre mur (l’enduit, si c’est de la maçonnerie) exactement à la limite de propriété. Tout décalage est interdit. Ca implique évidemment d’être certain de l’emplacement de cette limite (certains murs sont mitoyens, d’autres non, parfois des clôtures sont volontairement décalées…). La tolérance des Tribunaux est très minime, moins de 1 cm en général. Attention aussi, il ne faut pas de débord sur le terrain voisin, par exemple du toit. Ou alors il faut l’accord du voisin, et qu’il soit enregistré par un acte notarié (servitude). Je suis toujours très vigilent avec les mitoyennetés, car les droits de propriété sont inviolables. La sanction est la démolition ! En pratique, j’aime bien faire signer le plan au voisin (mention “bon pour accord” avec la date. Et en lui laissant une copie, évidemment), en lui expliquant que je veux son accord pour toucher la limite séparative, que je ne veux pas le mettre devant le fait accompli. Je présente ça comme étant un souci de bien respecter le voisin (soyez psychologue 🙂 ). Ca peut se révéler très utile plus tard, en cas de conflit… Et de toute façon, je devrai rentrer chez lui pour enduire le mur. C’est toujours mieux d’avoir des bonnes relations de voisinage.
Merci de votre retour, Si mon constructeur a fait l’implantation de la maison à 25 cm de la limite sepetative et que la maison est presque fini, il faut donc faire un Permis modificatif pour mettre une ranger de parpaing supplémentaire pour aller toucher la limite ? Merci de votre aide.
Si vous avez obtenu un permis de construire avec une implantation à 25 cm de la limite de propriété, vous pouvez laisser la construction telle quelle. Mais je serais très surpris que l’instructeur du permis ait laissé passer une telle erreur ! Sinon, en effet, vous devez modifier la maison pour que sa façade soit exactement sur la limite de propriété. Ce que vous suggérez est une possibilité. Mais attention aux détails techniques : comment ce double mur en agglos va-t-il reposer sur les fondations ? Comment éviter une fissure (très probable dans votre cas) à la jonction avec le mur existant ? Comment le mur sera-t-il couvert (y a-t-il un avant-toit de 25 cm ?)
Bien entendu, vous ne devez surtout pas réceptionner la maison ! Et vous devez bloquer tout paiement en attendant qu’un accord soit trouvé et dûment signé. Accord complet sur les travaux à réaliser, permis modificatif obtenu, dédommagement pour votre préjudice et vos frais compris.
Nous pouvons convenir d’une consultation en ligne, si vous le souhaitez. Cela permettra d’étudier votre cas particulier pour y apporter les meilleurs réponses pratiques, à la fois techniques et juridiques.